Ce bar, vous y descendez quasiment tous les vendredis soirs. Faut dire que les consos sont pas chères, alors ça vous arrange bien, surtout Lexie qui a jamais de thunes. Ce soir, t'étais venu avec Willa. Ma femme. Tu souris en pensant à ça. Ca t'fait bizarre, d'avoir une femme, d'être marié, toi. Pourtant c'est pas nouveau, mais la sensation disparait pas. Au fond, Willa et toi, des fois tu t'demandes si vous étiez pas fait l'un pour l'autre. Même si des fois vous vous engueulez, même si elle te jette des trucs à la tête et que tu l'insulte de salope, même si entre vous c'est jamais tout rose, même si elle a un don pour t'énerver et te casser les couilles. Tu connais pas d'autre meuf qui te supporterait. Bien sûr, elle a ramené Lexie, parce que Willa sans Lexie, ça existe pas. Tu passes ton bras sur les épaules de ta femme en lui chuchotant quelques mots à l'oreille. « T'es canon ce soir. » Et tu l'penses. T'as remarqué à quel point ses vêtements moulaient son corps, t'as remarqué le soin qu'elle avait mit à se maquiller et t'as remarqué qu'elle avait mis des talons. Pourtant, c'est sur Lexie que tes yeux s'attardent. T'aimes ses cheveux longs, t'aimes son sourire, t'aimes ses grands yeux de biche, t'aimes son fessier rebondis. Et tu t'demandes si ses lèvres ont un goût de fraise, ou un truc comme ça, comme les go dans les films. Tu pousse un peu Willa vers le bar, t'as envie de rentrer, t'as envie de boire un coup, t'es pressé. Tu veux te vider la tête, le taf t'a saoulé aujourd'hui. Une vieille bonne femme qui cassait les couilles avec ses caniches à la con. Tu veux juste te défoncer, fumer comme un pompier, rire, danser. T'marrer. Tu manques pas d'effleurer les fesses de Lexie avec la paume de ta main en entrant. Et tu la regarde dans les yeux. Et tu fais l'innocent « Ça va Lexie ? »
Qui dit vendredi dit week-end, enfin, pour la plupart des gens et ce n'est pas ton cas. Toi, tu bosses demain, tu bosses toute l'après-midi et c'est loin de t'emballer. Ce n'est pas tant le fait de bosser un samedi qui te saoule, non, c'est le fait de bosser tout court. T'aimes pas ton boulot, t'aimes pas ce que tu fais, t'aimes pas ce que t'es devenue. Pourtant, Lex, t'avais des projets plein la tête quand t'as débarqué à Dallas, t'avais envie de révolutionner le monde et de prendre ta vie en main. Sauf que t'as échoué lamentablement. T'as foiré tes études de médecine et maintenant t'es qu'une pauvre petite caissière. Alors t'encaisses, tu souris, tu balances des bonjour avec un grand sourire, alors que t'as juste envie d'insulter les gens qui prennent même pas la peine de te saluer et qui te parle comme un chien. Ouais, ouais, les gens sont cons et ça se confirme de jour en jour.
T'auras tout le temps de t'apitoyer sur ton sort demain. Ce soir, c'est sortie avec les potes aka Willa, celle que tu ne quittes pas et son copain, Seth. T'as jamais trop compris ce qu'il se passait entre eux, enfin, leur espèce de relation libre. Tu sais que toi, tu pourrais pas être dans une relation pareille, t'es trop jalouse, trop possessive, trop chiante aussi. Sauf que ça te regarde pas, ils semblent se complaire dans ce mariage bizarre et ça te fait doucement sourire, mais tu dis rien. Chacun sa vie, chacun ses emmerdes et t'as déjà bien à faire avec les tiennes.
Vous passez la porte de votre bar. Oui, c'est devenu votre bar, c'est limite si vous avez pas votre table attribuée et tout. Tu t'apprêtes à passer la porte quand un gros lourd te cale une main sur les fesses. Normal, sans pression. Tu te retournes prête à lui faire partager le fond de tes pensées avec ta main quand... Seth, forcément. Ça va Lexie ? Et ça te fait même pas sourire parce que y a ta pote juste à côté. Alors ouais, Seth, c'est le genre de mec vraiment canon, le genre sur lequel tu pourrais t'arrêter plus qu'un simple instant. C'est aussi le mec sur lequel t'as pas mal fantasmé pendant un temps, sauf que c'était avant qu'il sorte avec Willa, avant qu'ils se marient aussi. Ils sont peut-être dans une relation libre, mais t'es pas le genre à t'intéresser aux mecs de tes potes. T'es vraiment un gros lourd que tu lui balances avec un grand sourire. Au fond, genre vraiment très au fond, ça te fait plaisir qu'il s'intéresse à toi même s'il le fait à sa façon de gros blaireau.
Tu suis Willa jusqu'à votre table et à peine installé, tu balances. Vous voulez quoi ? Je paye ma tournée. Tu roules pas sur l'or, ce n'est pas un secret, mais ce n'est pas une raison pour te priver, surtout quand ça concerne l'alcool.
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Sujet: OBSESSED ✻ Willa & Lexie 
