Le bureau a quelque chose de très accueillant... Comparé à sa maison froide et vide de toute émotion. Depuis quelques temps, Jax déserte le lit conjugal et le petit déjeuner pour s'atteler à son travail des les premières lueurs du jour. Cela fait maintenant trois heures qu'il bosse sur sa prochaine plaidoirie quand sa secrétaire apporte son quatrième café de la matinée. Il avale le liquide brûlant d'un coup sec et rend directement la tasse à son assistante. Elle sait ce que ça veut dire, un nouveau et vite. "On a déposé ça pour vous en bas," déclare-t-elle en lui tendant une enveloppe brune de papier kraft. Jax s'en empare, suspicieux. Déjà à cran par tout le café qu'il venait d'ingurgiter et ses problèmes privés, il ne prend même pas la peine de remercier sa secrétaire vieillissante. Habituée, par rancunière, elle le laisse à son travail et repart à son bureau, appliquant la consigne qu'elle n'avait même pas besoin d'entendre. Il n'est disponible pour personne.

Jax reprend son travail et laisse le paquet de côté. On verra ça plus tard. Il n'allait pas se faire emmerder par ce qui était sûrement une sorte de publicité ou farce alors que le dossier sur lequel il bosse est dû pour avant-hier. Il déteste prendre du retard, surtout lorsqu'il passe déjà tout son temps dans son bureau. Ce n'est qu'au bout du septième café qu'il se dit qu'il est peut-être temps d'arrêter, surtout quand le besoin urgent d'un anti-acide se fait ressentir. Il a déjà bien avancé et se permet de se lever pour admirer la ville du haut de sa tour. Les bras croisés il repense au paquet de ce matin et va s'assoir sur son canapé pour l'ouvrir. Aucune adresse n'apparaît sur le kraft, seulement la mention "Procureur Général de Dallas" qui est écrit en cursives au stylo noir sur le devant de l'enveloppe. Jax fronce les sourcils, puis l'ouvre, circonspect. Quelques photos et une note se trouvent à l'intérieur. Il pose les photos de côté et entreprend la lecture de la note.

"Monsieur, voilà quelques temps que je remarque une activité suspecte sur mon lieu de travail. Je ne peux pas en parler à la police, je ne saurais pas comment m'y prendre. Mais j'ai cru comprendre que vous avez travaillé sur des cas similaires par le passé. J'ai conscience que ce n'est pas légal de prendre ce genre de photos mais vous aurez au moins une preuve pour démarrer une enquête si vous jugez cela nécessaire. Je serai à 13h chez Frankie's, avec deux bières pleines sur la table, pour vous en parler de manière plus appronfondie. Cordialement, un informateur."

Jax jette un oeil à sa montre, il est déjà plus de midi. Les photos sont très équivoques et sont assez pour le convaincre de s'intéresser au sujet. Il range les clichés et le mot dans l'enveloppe et la range dans son sac. Il ouvre la porte à la recherche de sa secrétaire mais celle-ci a déjà disparu, certainement à la recherche de son déjeuner. Après avoir fermé à clés son bureau, il sort du bâtiment de briques rouges et parcourt la distance qui le sépare du Frankie's, bar où il a ses habitudes. Il entre dans le petit local, il est 13h piles. Au fond du bar, un jeune homme est assis avec deux bières, comme indiqué dans sa lettre. Il passe les hommes en costumes assis au bar en train de déglutir leurs déjeuners et vient s'assoir à la table du jeune homme. "Je crois que vous m'attendiez," déclare-t-il sans autre forme de préambule.