- You're like a drug that's killing me -
© karlasouzadaily/benbarnes

Les soirées familiales n’ont jamais été ma tasse de thé. Plus depuis la terrible annonce de mon père, il y’a quelques années. Ce jour où mon amour pour Samuel est devenu interdit, indécent. Mon père l’ignore mais il m’a littéralement brisé le cœur et je suis désormais une femme meurtrie. Nos parents s’aiment et nous avons dû faire avec, chose qui n’a pas été simple au départ. Puis avec le temps, nous avons tous les deux tourné la page. Essayer, du moins. Je suis mariée à un homme merveilleux, qui m’offre tout ce dont je rêve mais je ne suis pas heureuse. Cette vie n’est pas celle dont je rêvais mais je fais avec, gardant la tête haute et ne laissant rien paraître de négatif. Tous les ans, nos parents organisent une soirée de charité où nous sommes tous deux invités, et nos présences sont indispensables. Je n’ai jamais réellement compris pourquoi mais mon père ne cesse de me dire que c’est à cause de mon boulot. Je me dois de lui trouver de bons employés durant cette soirée, mais ce soir ma tête est ailleurs. J’ai un mauvais pressentiment, je ne sais pas pourquoi mais j’ai une boule au ventre. Mon mari est resté à la maison et je me retrouve seule, dans cette salle immense. Les invités commencent à arriver, je les salue poliment tandis que certains complimentent ma robe rouge et bien trop moulante à mon goût. Mais quand enfin je l’aperçois, mon cœur manque un battement. « Sam… » Je souffle, pour le saluer. Je me reprends rapidement, consciente que ma façon de m’exprimer est totalement inadaptée. « Toujours cette même soirée ennuyante n’est-ce pas. » Je dis en riant, pour le taquiner. Nous vivons ce calvaire depuis des années, et pourtant je peine à m’y habituer. « Je t’offre un verre ? » Je demande alors, avant de me diriger vers le bar.

Plus le temps passe dans cette fête qui vient à peine de démarrer, plus je me dis que ma place est ailleurs. Je me sens mal à l’aise, je n’ai pas envie de sourire et de faire semblant. Cette mascarade dure depuis des années et je n’en peux plus. J’aimerais pouvoir vivre ma vie paisiblement, sans me préoccuper des traditions familiales. J’ai l’impression d’être prisonnière de tout cela, incapable de prendre en main mon propre destin. Je bosse pour mon père, mon appartement a été financé en partie grâce à mon père… Je lui dois tant mais pourtant, je rêve de m’échapper, m’évader loin de tout ça et vivre mes désirs. En parlant de désir, Sam fait son entrée dans la pièce et je le remarque aussitôt. Le voir me fait plus de mal que de bien, et ce sentiment semble partagé. Je le sens froid, distant, ce qui ne me plait guère. Il n’est plus le même homme que j’ai connu lorsque nous étions adolescent, quelque chose semble différent mais je n’ai pas le droit de lui en vouloir. Alors je tente de faire bonne figure, en riant et lui proposant un verre. Chose qu’il refuse, bien entendu, en me laissant une pique par la même occasion. Je le regarde un court instant, interloquée par ses propos. « Comme tu peux le constater, il n’est pas ici. » Que diable lui prend-il de parler de lui de cette façon ? Je tente éperdument de comprendre. « Sam est-ce tout va bien ? » Je demande alors, avant d’être coupée par nos parents. En véritables rois de la soirée, ils lèvent leur verre en honneur de leurs invités. « J’en ai ras le bol de tout ça ! » Je grogne, discrètement pour ne pas gâcher la fête.